EN COUVERTURE : Dessiner les dernières heures des bâtiments

EN COUVERTURE : Dessiner les dernières heures des bâtiments

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Marion Chombart de Lauwe aborde un territoire ou un lieu à travers un point de vue bien particulier : sa « dernière heure ». Elle entend par là le moment de sa démolition, le présentant comme un état provisoire, « un instant fragile entre deux instants stables ». C’est cet entre-deux qui l’intéresse, intervalle où vient se nicher la question de la disparition d’un lieu, de sa mémoire. Elle cherche à capter le moment précis où le bâtiment et son histoire vont s’effacer pour laisser place à autre chose et évoque l’idée de lieu en mutation, où le temps de la démolition se présente comme un objet aux multiples facettes qu’il faut étudier et observer comme on analyse les us et coutumes d’une population ou d’un milieu.

Pour chaque bâtiment, elle met en place le même protocole de travail. Elle repère les lieux et prend contact pour y avoir accès. Puis, elle s’inscrit dans un temps présent du chantier, dialogue avec les acteurs de la démolition, décideurs comme ouvriers, explique sa démarche et s’informe de l’avancée des démolitions. Un ancrage nécessaire dans la réalité du projet afin d’être au cœur de son sujet et de son observation.
C’est par le dessin qu’elle tente de capter ces instants ; munie d’un carnet et d’un stylo. Il lui faut s’inscrire dans le rythme du chantier afin de saisir quelques états provisoires et capter au mieux la métamorphose.
Parallèlement au dessin, elle procède au repérage et à la collecte de matériaux susceptibles de devenir le support de son travail de gravure : panneaux de métal, plinthes, porte, bois, tommettes…. Chaque lieu apporte sa richesse de matières.

Il s’en suit un travail loin du chantier, comme pour imposer un recul nécessaire à la création. En atelier, une nouvelle aventure commence, celle de la gravure, telle une exploration archéologique de toute cette matière collectée.
La gravure laser y est son outil principal. La matière se dévoile. Métal, bois, strates de peinture deviennent support d’expérimentation ; des collectes sonores et photographiques ont depuis complétées son inventaire dessiné.

Extrait du texte de Anne Rolland, architecte
dans « Dessiner les dernières heures des bâtiments de Marion Chombart de Lauwe »,
association Transbordement


Site web de Marion Chombart de Lauwe : mcdl.net